La famine des abeilles en Pays de la Loire et en France

Lorsqu’il fait froid ou s’il pleut trop, on a toujours les mêmes reportages (on appelle cela des marronniers chez les médias) qui reviennent tous les ans. Soit on va voir les vignerons soit on va voir des arboriculteurs pour les pommes, pêches…
Mais on ne parle jamais ou quasiment jamais de la difficulté des apiculteurs car si les vignes, les fleurs des pommiers ou des cerisiers gèlent, n’oublions pas que les abeilles sont les premières impactées par ces conditions météo difficiles car sur quoi vont elles chercher leur nourriture? Sur les fleurs…

Voici le message reçu début Mai par l’observatoire des abeilles qui peut vous expliquer pourquoi la situation a été catastrophique pour les apiculteurs lors du Mois d’Avril et de Mai.

Depuis une semaine, une augmentation des signalements de famine a été constatée par l’OMAA sur certaines secteurs géographiques en Pays de la Loire.

Cette recrudescence des déclarations apparaît à une période difficile pour les colonies d’abeilles d’un point de vue climatique. Refroidissements, vents et pluies peuvent perturber leurs activités, les rendant plus fragiles et sensibles aux différents facteurs d’affaiblissement et de mortalité.

Nous vous invitons à vérifier l’état des réserves et l’état de santé de vos colonies et à signaler au guichet unique de l’OMAA toute anomalie constatée dans vos ruchers.

Contact : omaapaysdeloire@sngtv.org

Pour aider mes essaims à passer cette période très compliquée, je vais leur redonner du miel sur le couvre cadre pour qu’elles puissent combler le manque de nourriture. Ce n’est pas idéal mais indispensable face au climat en se moment.

Autre petit reportage intéressant réalisé chez nos amis bretons

Pourquoi cette année est-elle si meurtrière pour les abeilles ?

Par Virginie ENÉE

Les apiculteurs bretons tirent la sonnette d’alarme : dans la région comme dans tout le pays, la météo des six derniers mois a provoqué un effondrement des colonies d’abeilles, déjà fragilisées par les pesticides et les frelons asiatiques. On fait le point en cinq questions.

« Il n’y a plus de printemps, plus d’été, c’est dur d’être un apiculteur actuellement », souffle Philippe Jouan, président de l’association des Apiculteurs d’Ille-et-Vilaine et de Haute-Bretagne. Il raconte les conséquences d’une météo totalement déréglée depuis le début de l’année, en Bretagne comme ailleurs : « On a eu un mois de janvier très doux, favorisant la croissance du couvain (les futures abeilles), puis un épisode neigeux en février qui a empêché les abeilles de sortir de la ruche. Après cet épisode, on a déjà eu une mortalité importante. »

1. Pourquoi la mortalité des abeilles est-elle particulièrement élevée ce printemps ?

En mars et avril, la douceur est revenue, avant la survenue de gelées début mai, suivies d’un record de froid et de pluie jusqu’à la fin du mois. Un « yoyo des températures » qui fait geler de nombreuses plantes.

Du coup, « les abeilles n’ont plus rien à manger et doivent consommer miel et pollen stockés dans la ruche, mais nécessaires aux œufs pour éclore, poursuit l’apiculteur. On se retrouve, au moment de l’année où les abeilles ont le plus besoin de nutrition, dans une situation de famine. Et d’effondrement des colonies… »

Les apiculteurs observent une mortalité sans précédent dans leurs ruches. ( Photo : Thierry Creux / archives Ouest-France)

2. Les apiculteurs arriveront-ils à sauver leurs ruches et la production de miel cet été ?

Bonne question… En mai, les reines sortent normalement des ruches pour se faire féconder, et en créer de nouvelles. Autant dire que le froid et la pluie ne les ont pas aidées…

« Je reçois des coups de fil d’apiculteurs de toute la région qui me demandent s’ils sont les seuls à avoir subi de telles pertes, et à devoir repartir de zéro en juin, au moment ou de nouvelles colonies auraient dû remplacer celles qu’on a perdues », rapporte Philippe Jouan. Selon lui, « cela met en danger la production de miel d’été, qui sera inévitablement limitée ».

3. Au-delà des phénomènes météo, doit-on y voir une manifestation du dérèglement climatique ?

L’apiculteur en est persuadé. Les hivers sans gel se succèdent à ceux qui alternent températures printanières en février, et froid courant mai. Or, « le changement climatique est très défavorable à la biodiversité » qui tue les jeunes pousses sorties trop tôt et affame une partie de la faune. Une difficulté supplémentaire pour les abeilles, dont les colonies sont déjà fragilisées par les pesticides et les frelons asiatiques.

Le développement massif du frelon asiatique en Bretagne est une menace pour les abeilles. (Infographie : Ouest-France)

4. L’augmentation du nombre de frelons asiatiques est-elle si importante que cela ?

« C’est la cerise sur le gâteau : il stresse les abeilles qui sortent chercher du pollen au printemps, quand elles en ont le plus besoin. De peur d’être tuées, elles sortent moins et n’en ont plus assez. » Or, entre 2013 et 2020, le nombre de nids de frelons asiatiques détruits en Bretagne a été multiplié par quarante

« On est plus que jamais inquiets. Au-delà de la disparition des abeilles, c’est toute la biodiversité et donc celle de nos assiettes qui est en danger : sans pollinisation, pas de melons, courgettes, abricots, fraises… » L’apiculteur rappelle que la France importe déjà énormément de miel, faute d’en produire assez. « On a une baisse de production continue. »

5. Comment aider les abeilles ?

Il faudrait bien sûr diminuer drastiquement l’utilisation de pesticides sur les terres agricoles. Mais ce vœu de l’apiculteur étant pieu, sachant que les deux plans « écophyto » du gouvernement n’ont pas donné les résultats escomptés, Philippe Jouan songe à agir localement.

« On va contacter directement des agriculteurs pour leur proposer de laisser une bande d’un mètre de prairie de jachère fleurie le long de leurs champs. Ca aiderait les abeilles à trouver l’apporte protéinique qui leur manque. Car aujourd’hui, les abeilles ont faim. »

Lire aussi : Comment aider les abeilles au printemps ?

Chacun peut faire un geste pour les abeilles dans son jardin en n’utilisant pas de pesticides et en ne tondant pas un coin de jardin. (Photo : Ouest-France)

Chacune et chacun peut aussi, dans son jardin, préserver un talus, une friche, des ronces, un vieux tronc et herbes hautes dans un coin. Ne pas « tondre systématiquement, laisser du trèfle et des pissenlits, qui offrent nectar et pollen aux abeilles ». On peut enfin planter un massif de bourrache, bleuet, du thym, romarin ou encore de la sauge, qui en plus de faire le bonheur des abeilles, feront celui des cuisiniers.6

Au vu du mois de mai, la récolte de miel risque d’être impacté dû aux conditions climatiques et la famine présente dans les ruches en pays de la loire et en France

A bientôt 👋